Biographie
Mme Maureen Anderson
Maureen Anderson a grandi à Derby, au Nouveau-Brunswick (N.B.), dans la région de Miramichi, et vit présentement à Oromocto. Cette petite ville est non loin de la base des Forces canadiennes (BFC) de Gagetown, où ses deux fils ont été formés pour devenir soldats. La vie de Maureen a commencé outre-mer, soit en Angleterre où elle est née. Elle n'était encore qu'une enfant lorsque ses parents ont déménagé au Canada en 1947.
« Ma mère était une épouse de guerre », explique-t-elle. Une Anglaise, elle avait rencontré son père canadien alors que ce dernier servait en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce dernier, un ouvrier d'usine du Nouveau-Brunswick, s'était engagé dans l'armée canadienne et faisait partie du North Shore (New Brunswick) Regiment.
L'aînée d'une famille de sept enfants, Maureen s'est occupée de ses frères et sœurs dès son plus jeune âge. Très tournée vers l'église, elle s'est inscrite à la classe de religion du dimanche et à la chorale paroissiale, tout en faisant beaucoup de gardiennage pour s'amasser un peu d'argent. Elle se souvient d’ailleurs d'avoir vendu, en faisant du porte-à-porte, des fruits sauvages, tels des bleuets et des fraises, qu'elle cueillait à la main dans les champs avoisinants.
Elle avait toujours voulu être infirmière. Après avoir obtenu son diplôme à l'école secondaire Millerton (N.B.), elle a fréquenté ce qui était alors le Moncton Technical Institute où elle a obtenu l'équivalent de ce qui est aujourd'hui un diplôme d'infirmière auxiliaire. Au début, elle a entamé sa carrière au Nouveau-Brunswick, où elle travaillé d'abord à Moncton puis à Bathurst.
« J'ai adoré ça », se souvient-elle. Cette profession allait plus tard la conduire à Ottawa (Ont.), après qu'elle eut pris connaissance, dans un journal, d'une annonce cherchant des candidats pour joindre les rangs de l'Aviation royale du Canada (ARC). L'annonce a retenu son attention et elle a répondu à l'appel, ce qui l’amena à travailler au Centre médical de la Défense nationale (CMDN) et à demeurer à l'ancienne BFC Rockcliffe.
Or, l'un de ses patients, Peter Anderson, allait devenir son mari (aujourd’hui décédé). Ce dernier, un vétéran de l'armée, a d'abord été membre de l'ancien Regiment of Canadian Guards de la Colline du Parlement, avant de s'engager dans le Royal Canadian Regiment (RCR). Il est ensuite devenu sergentmajor et a pris sa retraite en tant qu'adjudant-maître. Au moment de leur mariage, Maureen raconte qu'elle avait dû quitter son emploi au sein de l'ARC – bien qu'elle ne le souhaitait pas – en raison des règles de travail alors en vigueur à l'époque.
Peter a été affecté à plusieurs endroits au fil des ans, de sorte que leur famille a beaucoup déménagé, vivant à Baden-Baden en Allemagne, à Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest, à Petawawa et à Pembroke en Ontario, ainsi qu'à Oromocto. Maureen et son mari ont élevé deux enfants : Ron et son jeune frère Ryan. Nés à cinq ans d'intervalle, les deux garçons ont suivi les traces de leur père et se sont enrôlés dans l'armée dès qu'ils ont pu, avant même d'avoir terminé leurs études secondaires. « Ils savaient ce qu'ils voulaient », raconte-t-elle. Bien qu'ils se disputaient régulièrement dans leur jeunesse, les deux garçons étaient proches et sont restés de très bons amis jusqu'à la fin, se souvient-elle.
Maureen a encore de la difficulté à parler des annonces tragiques du décès de ses deux fils; elle préfère plutôt se concentrer sur les deux êtres spéciaux qu'ils étaient et qui résident maintenant profondément dans son cœur.
Elle décrit combien il lui a été difficile, à 68 ans, d'avoir dû se retirer d'un travail qu'elle aimait. Elle a pris sa retraite quelques mois après le décès de son premier fils, alors que des problèmes de santé l'avaient forcée à se retirer. Maureen est aussi une couturière expérimentée qui a beaucoup cousu et tricoté au fil des ans, confectionnant des cardigans et des vêtements pour ses fils, ainsi que des uniformes pour elle-même. Elle adore faire de la pâtisserie, et elle est toujours heureuse de préparer des sucreries et des carrés de toutes sortes pour les fêtes de l'église.
Maureen s'estime très honorée d'avoir été nommée Mère nationale de la Croix d'argent du Canada et confie que « [...] cela ravive toutefois beaucoup de souvenirs de perte, surtout si vous avez perdu vos propres enfants. » Or, elle compte bien partager avec d'autres mères et familles de militaires qui ont perdu des enfants, en particulier suite à un syndrome de stress post-traumatique (SSPT).
« Ce problème (le SSPT) est très répandu, et je trouve cela très dommage », dit-elle. Aujourd'hui encore, quelques amis et camarades de ses fils, qui vivent avec cette maladie, viennent régulièrement lui rendre visite.
Biographie
Sgt Ron Anderson
Le sergent Ron Anderson était membre du Royal Canadian Regiment (RCR). Il a servi à Petawawa, en Croatie, en Bosnie, et au Kosovo, et participé à deux missions en Afghanistan.
Né le 27 mai 1974 à Lahr, en Allemagne, là où ses parents vivaient à l'époque, Ron a compris très tôt ce qu'il voulait faire. Enfant très actif et plein d’énergie, l'un des signes précurseurs de son désir ultérieur de s'enrôler était le passe-temps favori qu'il partageait avec son jeune frère Ryan. « Quand ils étaient enfants, ils jouaient à des jeux de guerre », se souvient sa mère. Ron a donc commencé avec les cadets, puis s'est engagé dans la milice en Nouvelle-Écosse, avant de poursuivre sa formation à Gagetown (N.B.) et de devenir membre de l'Armée canadienne.
Selon Maureen, ses fils parlaient rarement de leur rôle et de leurs actions dans les forces armées, y compris leur service à l'étranger; or, ils ont clairement été affectés par leurs expériences. Elle pense qu'une accumulation d'événements tragiques à l'étranger aura conduit Ron à mettre fin à ses jours en 2014. À son retour de sa deuxième mission en Afghanistan, Ron avait changé. Il voulait être seul. On lui avait alors diagnostiqué un syndrome de stress post-traumatique (SSPT).
Maureen se souvient notamment d’un fait marquant, soit que Ron avait reçu une citation pour avoir sauvé la vie d'un petit garçon blessé en Afghanistan, et ce, dans des conditions particulièrement périlleuses. « Il a prodigué les premiers soins, et je devine qu'il était entouré d'Afghans avec toutes ces armes pointées sur lui », raconte-t-elle. Ses actions face au danger ce jour-là ne l'ont pas surprise. « C'était bien lui, dit-elle, c'était un dur, un dur à cuire. Cela ne l'aurait pas dérangé. »
Mais Ron n'avait jamais révélé à ses parents qu'il avait reçu cette citation, et ce n'est qu'après son décès qu'elle l'a apprise. « Il était très fier, il ne voulait pas de mise en scène, ni de publicité », dit-elle. Elle et son défunt mari ont reçu plus tard le certificat qui accompagnait sa citation et l'ont accroché avec fierté dans leur maison.
Ron avait quatre enfants. Son fils Bryce sert présentement au sein des Forces armées canadiennes.
Biographie
Sgt Ryan Anderson
Le sergent Ryan Anderson était membre du Royal Canadian Regiment (RCR). Il a servi à Gagetown et à Yellowknife, ainsi qu'en Bosnie, en Éthiopie, en Haïti, et aussi en Afghanistan aux côtés de son frère aîné Ron.
Né le 19 février 1979 à Oromocto (N.-B.), Ryan était presqu'aussi actif que son frère Ron et s'adonnait aux arts martiaux. Il a pratiqué le taekwondo et le karaté, et il s'en tirait très bien de se rappeler sa mère Maureen.
Il a également compris très tôt ce qu'il voulait faire. Dès qu'il a pu, Ryan s'est joint à la milice en NouvelleÉcosse, puis il s'est entraîné à Gagetown (N.B.) où il est devenu membre de l'Armée canadienne.
Maureen décrit les changements de personnalité de ses deux fils à leur retour d'Afghanistan. Ils n'étaient plus aussi enjoués, drôles ou heureux que par le passé. Ils étaient plutôt « calmes » et elle a tôt fait de remarquer que la santé mentale de Ryan se détériorait plus rapidement, son état affectant également d'autres aspects de sa vie. Chez lui aussi un syndrome de stress post-traumatique (SSPT) lui avait été diagnostiqué.
Maureen se souvient bien des effets du SSPT et du fait que Ryan, qui vivait dans le même immeuble, l'appelait parfois pour qu’elle lui rende visite au milieu de la nuit… ce qu’elle ne pouvait jamais lui refuser.
« Je me sortais alors de mon lit, allais à son appartement et nous prenions des cafés; je m'asseyais avec lui et je l'écoutais ». Parfois, ils regardaient tout simplement des vidéos clips musicaux. « Parfois il pleurait, et je lui demandais ce qui n'allait pas, ce à quoi il me répondait ‘je ne sais pas’. Je ne regrette pas de l'avoir fait… heureusement que je l'ai fait! », confie-t-elle.
Maureen évoque comment la santé de Ryan s'est à nouveau rapidement dégradée après le décès de son frère, et qu'il s'isolait davantage. Il est malheureusement décédé en 2017. Ryan et son frère recevaient tous deux avant leur décès une aide pour lutter contre le SSPT.
Au moment de son décès, Ryan laissait derrière lui deux enfants.
Anciennes récipiendaires
Chaque année, les directions provinciales de la Légion et le public soumettent leurs suggestions de candidates pour nomination au titre de Mère nationale de la Croix d’argent. La liste de candidates est examinée par un comité de sélection de la Direction nationale, suite à quoi une mère est choisie pour l’année débutant le 1er novembre.