En cette période de détresse financière, le gouvernement fédéral a rapidement annoncé une aide pour de nombreux secteurs, mais le travail essentiel qu'accomplit la Légion a été oublié. Aujourd'hui, après des mois d'attente, la Légion a besoin de la mise en place immédiate d'un programme pour lui venir en aide.
Le texte d’opinion du président de La Légion royale canadienne, M. Thomas D. Irvine, a récemment été publié dans le journal The Guardian.
Je suis témoin des effets d'un stress énorme à travers le pays quant à la possibilité que des filiales de la Légion disparaissent, une à une. Entretemps, le gouvernement fédéral se traîne les pieds pour fournir l'aide promise. Or, je continue à faire tout ce qui est en mon pouvoir, au nom de La Légion royale canadienne, pour veiller à ce que nous ne perdions aucune de nos 1 381 filiales actuelles.
Il est étonnant de voir comment nous en sommes arrivés là. En cette période de détresse financière, le gouvernement fédéral a rapidement annoncé une aide pour de nombreux secteurs, mais le travail essentiel qu'accomplit la Légion a été oublié. Aujourd'hui, après des mois d'attente, la Légion a besoin de la mise en place immédiate d'un programme pour lui venir en aide.
La démarche entreprise par la Légion pour obtenir de l'aide a commencé avec deux lettres que j’ai fait parvenir au Premier ministre, soit une en avril et l'autre en juin, et qui, à ce jour, demeurent toujours sans réponse. Plus récemment, j'ai rencontré le ministre MacAulay d'Anciens Combattants Canada (ACC) avec qui j’ai brièvement abordé le sujet. Bien qu’il ait compris la situation critique de la Légion, aucun engagement de financement ne nous a été exprimé de sa part.
Depuis, une étincelle d'espoir nous est toutefois apparue après qu'un important réseau de télévision ait diffusé un suivi sur le sujet. Heureusement que nos médias prêtent attention au dilemme de la Légion. Nous avons alors reçu la confirmation d'ACC que quelque chose se préparait. Enfin, une bonne nouvelle! Mais avec une prestation prévue « bientôt », sans plus de détails, nous attendons pendant que d'autres filiales vacillent à la limite d’une fermeture définitive, sans même savoir si le programme d'aide promis atteindra sa cible.
Au départ, nous de la Légion étions contents d'apprendre que le gouvernement fédéral allait débloquer un fonds d'urgence destiné à soutenir les organisations à but non lucratif. En tant qu'organisation qui repose sur le bénévolat, nous nous attendions alors à ce que les filiales bénéficient de cette aide. Or, nous avons rapidement réalisé que les conditions du programme disqualifiaient essentiellement la plupart d'entre elles. Les filiales qui ont réussi à accéder à l'aide fédérale l'ont fait principalement par le biais du programme fédéral de prêts offerts dans le cadre du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC). Certes, il s'agit là d'une mesure à court terme dont on peut se féliciter, c'est certain, mais aucune de ces filiales ne sait ce que l'avenir leur réserve et comme tout prêt bancaire, celui-ci doit être remboursé. Et même si une partie sera radiée, à moins qu'une filiale particulière ne puisse s’en remettre, cela demeure pour l’instant une démarche potentiellement risquée.
La Légion royale canadienne est une organisation qui compte 95 années d'existence et dont l'objectif principal est de soutenir les vétérans, leurs familles et les communautés. Chaque année, elle organise et tient à Ottawa la cérémonie nationale du jour du Souvenir et d'innombrables autres activités de commémoration un peu partout au pays. Notre travail est de taille et nos bénévoles se comptent par dizaines de milliers. Or, en ces temps difficiles, ils poursuivent leur travail du mieux qu'ils peuvent, et, à cet égard, je tiens à les saluer tous et toutes.
Depuis près de 100 ans, la Légion s'enorgueillit de son autonomie… une autonomie qu’elle n’entend pas perdre d’ailleurs. Certes, une pandémie n'était pas dans les prévisions et, à cet égard, nos filiales ont besoin d'un niveau d'aide sans précédent. Nous réalisons que cela prend du temps pour résoudre ce problème, mais combien de temps encore devrons-nous attendre? Je continue d’espérer que notre gouvernement fédéral tiendra sa promesse d'aide, et ce, non seulement pour nos filiales, mais aussi pour toutes les autres organisations qui sont dans l'ombre.
N'oublions pas que ce sont les sacrifices de nos vétérans qui ont jeté les bases même de cette société privilégiée que nous appelons le Canada.
Le président national de La Légion royale canadienne,
Thomas D. Irvine, CD