À titre de Mère nationale de la Croix d’argent, Mme Dawe partage ici ses réflexions sur la santé mentale et l’armée.
Par Reine Samson Dawe
Reine Samson Dawe a été sélectionnée par la Légion royale canadienne comme Mère nationale de la Croix d’argent, et elle occupera cette fonction jusqu’en octobre 2020. Le 11 novembre 2019, elle a déposé une couronne au Monument commémoratif de guerre du Canada au nom de toutes les mères et familles qui ont perdu un enfant dans l’exercice de leurs fonctions militaires. Son fils Matthew a été tué au combat alors qu’il servait en Afghanistan en 2007. Mme Samson Dawe partage ici ses réflexions sur la santé mentale et l’armée.
La sensibilisation à la santé mentale, et plus particulièrement aux troubles mentaux, a nettement augmenté ces dernières années.
Les troubles mentaux ont longtemps été tabous. Par conséquent, ils ont souvent été sous-diagnostiqués et mal traités en raison du manque de consultation, d’acceptation et de la crainte du rejet.
Je crois que la culture militaire est, de par sa nature, plus vulnérable à ces problèmes.
L’esprit d’équipe, ne pas laisser tomber ses « frères ou sœurs », la résistance mentale et physique intrinsèque et attendue des soldats, sont autant de facteurs qui contribuent à la stigmatisation des problèmes de santé mentale chez les soldats.
Les conditions extrêmes qui caractérisent le déploiement du personnel militaire dans les zones de combat sont bien réelles : des stresseurs tels que le fait d’être témoin d’événements horribles, la perte d’un camarade et la culpabilité du survivant sont autant de facteurs pouvant contribuer au développement de problèmes de santé mentale.
Je n’ai que des données empiriques sur certains de ces problèmes, mais ils peuvent inclure la dépression, la colère incontrôlée et la toxicomanie. Ces problèmes peuvent nuire à la réintégration d’un soldat dans son environnement familial.
Nos vétérans ont besoin d’un soutien solide et ils le méritent pleinement en ces temps difficiles ; en tant que témoin de la vie militaire depuis des décennies, je pense que ce soutien devrait inclure une évaluation psychologique précoce et continue après le déploiement, et un traitement si un professionnel de la santé le juge nécessaire. Ce soutien devrait également aborder les questions financières et juridiques découlant des problèmes de santé mentale (comme les litiges sur la garde des enfants ou les accusations criminelles qui pourraient être liés au stress du déploiement), et en veillant à ce que les personnes concernées soient bien épaulées, par des experts militaires de préférence, tout au long de leur rétablissement: conseillers familiaux, conseillers financiers, avocats et autres. Il doit également y avoir une sensibilisation du personnel militaire et du grand public, dans un effort visant à éradiquer progressivement la stigmatisation associée aux problèmes de santé mentale.
Je reconnais que nos forces armées ont fait des pas de géant dans la prise en charge de la santé mentale de nos vétérans, mais je suis d’avis qu’il y a encore beaucoup à faire, et j’espère que cette tendance va se poursuivre. Nos vétérans le méritent.